Dans un monde complexe, votre entreprise n’a pas besoin de plus de règles, elle a besoin de plus de liens

Plus les entreprises perdent le contrôle, plus elles ajoutent des process et des comités. Mais dans un monde complexe, ce réflexe aggrave le problème : il rigidifie les systèmes au lieu de les rendre vivants. Ce qu’il faut renforcer, ce ne sont pas les règles, mais les liens.

Repenser la performance : du contrôle à la coopération

Les dirigeants croient souvent que pour avancer plus vite, il faut multiplier les procédures, les outils et les contrôles. En réalité, cela alourdit la machine et ralentit la prise de décision.
Comme l’a montré Donella Meadows dès 2008, ce ne sont pas les éléments d’un système qui en déterminent la performance, mais la qualité des relations entre ces éléments.
Autrement dit :
Ce qui freine votre entreprise, ce n’est pas la qualité de vos équipes, c’est la qualité de la coopération entre elles.
Les silos, les rivalités de périmètre et les reporting infinis sont autant de signaux d’un système qui cherche à se protéger plutôt qu’à apprendre. Or, dans la complexité, l’adaptation collective devient le premier facteur de résilience.

Trois leviers pour changer la donne​

1. Une boussole commune

Vos collaborateurs doivent pouvoir répondre sans hésiter à cette question : « Qu’est-ce qu’on essaie vraiment de réussir ensemble ? ». Si les réponses divergent, vous perdez déjà la moitié de votre énergie. Une boussole claire ne se décrète pas : elle se construit par le dialogue et s’incarne dans les décisions quotidiennes.

2. Des échanges réguliers et utiles

Les emails et les réunions à rallonge ne créent pas de coopération. Ce qui fonctionne :

  • des points courts et rythmés,
  • centrés sur les blocages réels,
  • avec une règle du jeu simple : on repart avec des décisions, pas avec des comptes rendus.
  • L’efficacité collective naît de la clarté et du rythme, pas du volume d’informations.

3. Un indicateur transverse

Chaque service peut exceller isolément tout en fragilisant le système dans son ensemble.
Le remède : un indicateur partagé qui oblige à travailler ensemble — par exemple, un délai global, un taux de satisfaction client ou un indicateur de coopération.
Ce qui se mesure ensemble, se réussit ensemble.

L’exemple de Volvo : la puissance du collectif

À l’usine Volvo de cabines à Umeå (Suède), 37 équipes semi-autonomes ont été étudiées pendant sept mois. Les résultats sont sans appel : plus les liens entre équipes étaient forts, plus la performance augmentait.

Les effets observés :

  • hausse de la productivité,
  • amélioration de la qualité de livraison,
  • satisfaction au travail renforcée.

Plutôt que d’empiler les contrôles, Volvo a misé sur :

  • des équipes semi-autonomes capables de résoudre elles-mêmes leurs problèmes quotidiens,
  • des espaces de coordination transversale entre production, maintenance et qualité,
  • une culture fondée sur la confiance, le respect mutuel et les objectifs communs.

Cette approche a permis de créer un système capable de s’ajuster en continu, sans dépendre d’un contrôle central permanent.

En conclusion : dans la complexité, relier vaut mieux que contrôler

Les organisations performantes ne sont pas les plus hiérarchisées, mais celles où la coopération circule librement. Dans un monde incertain, la robustesse vient de la qualité des liens, pas de la densité des règles. Ce qui grippe votre organisation, ce ne sont pas vos talents : ce sont vos liens.

La coopération n’est pas un supplément d’âme — c’est un avantage compétitif.

Et quand les leaders cessent de piloter uniquement par le contrôle pour piloter par le sens, la confiance et la relation, le système devient capable d’apprendre par lui-même.

Pour aller plus loin :
  • Meadows, D. (2008) – Thinking in Systems. Chelsea Green.
  • Edmondson, A. (2018) – The Fearless Organization. Wiley.
  • Morin, E. (1990) – Introduction à la pensée complexe. ESF.